Ma série “The Miracle of Älmhult” propose une réflexion sur les conséquences de l’utopie Ikea dans nos modes de vies. Ikea représente aujourd’hui la promesse envoûtante de transformer notre espace personnel en un havre de paix immaculé à la Suédoise. Cette vision se retrouve à son paroxysme dans la ville qui a vu naître l’entreprise: Älmhult. Devenus au fil du temps le point névralgique de la mythologie d’Ikea, chaque maison, chaque habitant devient l’instrument d’une promotion marketing de la marque. Dans ces décors asseptisés semblables aux maisons potemkines, l’espace personnel semble peu à peu vidé de tout ce qui fait désordre. C’est dans ce contexte que j’interroge ce qui fait habiter en modifiant, parodiant et en me réappropriant les codes marketing d’Ikea afin de proposer une ville nouvelle : “Ikea City”. Cette ville imaginaire fondée sur les bases d’Älmhult tend à nous interroger sur la place de l’habitant dans ces villes désincarnées. Ce modèle fictif permet d’explorer l’ambivalence de notre attitude envers le changement urbain et la notion d’utopie, la question d’un ‘‘chez-soi’’ laissé aux mains d’une entreprise qui privilégie le standard à l’individu.